More Than Myself (Anne Sexton)

Woman Looking at Reflection --- Image by © Elisa Lazo de Valdez/Corbis

Woman Looking at Reflection — Image by © Elisa Lazo de Valdez/Corbis

More Than Myself

Not that it was beautiful,
but that, in the end, there was
a certain sense of order there;
something worth learning
in that narrow diary of my mind,
in the commonplaces of the asylum
where the cracked mirror
or my own selfish death
outstared me . . .
I tapped my own head;
it was glass, an inverted bowl.
It’s small thing
to rage inside your own bowl.
At first it was private.
Then it was more than myself.

— Anne Sexton, More Than Myself, ® Tous droits réservés pour la succession de l’artiste.

Le poète du bruit (Éric Roger)

Le poète du bruit
Je m’inspire de ce chant prophétique
ta langue s’épuise dans mes vertiges
j’amorce ce qui séduit mes sens
le lac des corps retrouvés
s’abreuve d’esprits nomades
la rébellion des insectes
fait du vacarme
le poète fait du bruit dans sa tête
tes gestes deviennent des prières dans mon dos
morsures d’extraterrestres qu’un Dieu m’afflige
pour mieux définir la chair humaine
il y a des ravissements dans l’état pur
des blessures
un cercle de feu
contrôle les naissances
nous sommes ce qui s’agite et surgit
nous combattons les flammes de la survie

— Éric Roger, © 14 novembre 2014

Yvon Jean, personnalité poétique underground de Montréal 2013

Le poète Yvon Jean (crédit photo : Jean-Claude Collet)

L’année 2013 s’est avérée fertile dans le milieu de la poésie underground montréalaise, et le poète, animateur (de soirées de poésie, de webtélé et de radio communautaire) et vidéaste-photographe Yvon Jean a été sans contredit l’une de ses figures emblématiques. Après avoir sondé le pouls d’un certain nombre d’artisans de la scène, Lune funambule lui décerne donc le titre de Personnalité poétique underground de Montréal 2013. Yvon Jean trône ainsi au sommet d’une liste qui inclut Pascale CormierYvon d’Anjou, les responsables du site Internet Poème Sale (Charles Dionne et Fabrice Masson-Goulet), Marjolaine Robichaud et Éric Roger.

Tout d’abord, une confidence : lorsque je me suis entretenu avec Yvon Jean afin de préparer cet article, j’ai grandement sous-estimé la tâche à accomplir. Tout d’abord, je me suis rendu à l’entrevue sans mon magnétophone numérique, introuvable et demeuré au fond d’une boîte depuis mon déménagement de décembre 2012. Ensuite, je n’avais pas conscience de certaines choses : de un, il suffit d’une question à l’homme au chapeau noir pour réaliser une entrevue de près d’une heure et demie; de deux, la vie de ce poète montréalais est un véritable roman déjanté digne d’un Victor-Lévy Beaulieu sur l’acide; de trois, il m’aurait fallu prendre des notes plus vite que mon ombre pendant l’entrevue; et de quatre, il allait s’écouler quelques semaines avant que je ne puisse rédiger ce texte, ce qui me compliquerait sensiblement la tâche.

Mais qu’à cela ne tienne, voici mon billet : un tournant majeur s’amorce en novembre 2012 lorsque le grand Yvon met un terme à une relation étroite avec la dive bouteille pour investir le champ de la poésie underground montréalaise. Noires Poésies, son premier ouvrage publié aux Éditions Teichtner quelques années plus tôt, refait surface au printemps 2013 avant d’être rapidement suivi de Au pic pis à pelle, un recueil en joual qui paraît aux Éditions Première Chance. Du même souffle, Yvon Jean se lance dans une nouvelle aventure avec SoloVox webtélé aux côtés de son complice Éric Roger. Suivra bientôt toute une série d’émissions qui meubleront les samedis après-midis de douteux.tv, la télé des délaissés, et un retour à la radio communautaire, sur les ondes de Radio Centre-ville, en compagnie des comparses Marc Lavoie et Yvon d’Anjou. Et le grand Yvon Jean ne s’arrête pas là : il institue — le mot est faible — ensuite les Soirées micro-libre au Bistro de Paris. Véritable marathon poétique « jusqu’à plus poètes » comme le veut l’expression consacrée, l’événement remporte en très peu de temps l’adhésion d’un grand nombre de poètes et de férus de poésie. C’est la cerise sur le sundae pour le poète originaire de la Rive-Nord.

Sans compter qu’Yvon Jean est devenu en quelque sorte le vidéaste « officiel » de la poésie underground à Montréal. Accompagné de sa fidèle partenaire, Sonia Bergeron, il n’est pas une soirée de poésie digne de ce nom qui n’ait été capturée sur vidéo ou criblée de photos au rythme infernal de ce Kid Kodak de la rime. Comme il le dit lui-même, « je vous filme gratis, mais si vous voulez pas être filmé, c’est 25 $ ». Yvon Jean compte maintenant plus de 1 000 vidéos de poésie diverses sur les chaînes YouTube et Dailymotion. Un véritable travail d’archivage de la poésie underground montréalaise sur scène, à la webtélé et à la radio communautaire.

Depuis qu’il a pris ses distances avec l’alcool, Yvon Jean est en mission commandée. Doté d’une énergie hors du commun — il semble ne jamais dormir —, planifiant ses activités des semaines, voire des mois à l’avance, l’homme rêve d’une révolution poétique. Il affirme d’ailleurs que l’écriture est un art accessible qui permet de réaliser de grandes choses avec très peu de moyens et donc, de ce fait, révolutionnaire. Et il se dit prêt à entraîner à sa suite une armée de combattants de la libre-expression.

De poésie et de fureur
Yvon Jean
revient de loin. Issu d’une famille qu’il qualifie lui-même de « dysfonctionnelle », son père, Robert Jean, un marginal qui avait souffert de la violence paternelle et qui carburait à l’alcool, était, malgré son manque d’instruction, un poète dans l’âme et un conteur hors pair qui réinventait sa vie à grand renfort d’histoires toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. Jack of all trades et self-made-man, le père Jean était doté d’une force remarquable — à 12 ans, il venait à bout « d’hommes faites » lors de combats de boxe — et d’un pouvoir de persuasion peu commun. Capable de vendre de la neige à des esquimaux, il possédait un redoutable instinct de survie et était doté d’une intelligence innée des mécanismes. Sans autres études qu’une troisième année mais sans complexes, il pouvait réparer et assembler certaines machines sans connaître le nom des pièces.

Instable, il a pratiqué 56 métiers et trempé dans plusieurs histoires louches. Pour échapper à la violence de son père, Robert Jean avait quitté le domicile familial à 13 ans et était devenu bûcheron. Sa capacité de travail était impressionnante, mais un grave accident a mis fin prématurément à l’aventure. Seul dans le bois, un pied coupé, il croit sa fin arrivée, mais son cheval lui sauve la vie. Puis, il sillonne les routes et son existence ressemble un temps à un hybride road trip-film de gangsters qui aurait été coréalisé par Wim Wenders et Quentin Tarantino. Des années plus tard, il rencontre sa femme, une danseuse à go-go. Ce sera le coup de foudre. Les tourtereaux se marient et ont deux garçons. Mais bientôt, la violence et l’alcool entreront en scène. La vie de la famille Jean sera tout sauf un long fleuve tranquille.

Yvon Jean grandit lui aussi à coup de claques derrière la tête et de coups de pied au cul. Et quand il pleure, son père le traite de « fifi » et en remet. L’homme au chapeau noir aborde ses souvenirs d’enfance d’une façon anecdotique, mais semble se souvenir du moindre détail. Malgré un apparent détachement, on sent que les blessures ne sont pas toutes cicatrisées. Jeune, il est introverti, timide, timoré, voire effacé. C’est un solitaire qui passe de longues heures dans les bois, un loner, un EMO avant l’heure qui aimerait bien rendre la vie de sa mère moins difficile. À l’extérieur de la maison, le cycle infernal de la violence se reproduit : il est victime d’intimidation de la part d’un goon de la polyvalente.

Parvenu à l’adolescence, Nelligan et la poésie lui offrent une évasion et un exutoire aussi salutaires qu’indispensables. Il n’a que 16 ans lorsqu’il découvre à la fois la grâce et le malheur qui l’habitent : il consacre plus de 200 heures à l’écriture d’un premier poème lu devant un professeur de français incrédule. Estomaqué par la qualité du texte, l’enseignant soupçonne le jeune Yvon Jean de plagiat et demande aux élèves de se prononcer. Le poète en devenir en prend pour son rhume et récolte un maigre 60 %, une note inférieure à celle d’un autre élève ayant fait le récit d’une soucoupe volante qui atterrit dans un bol de soupe! Or, son talent, comme il le découvrira bien plus tard, lui vient d’une tante qui, comme lui, avait un penchant marqué pour l’inversion dans la syntaxe.

Décidément, on hérite tout de la famille : aussi, Yvon Jean quitte-t-il la maison familiale à l’âge de 18 ans. La petite vie rangée, très peu pour lui. Il rêve d’être poète. Il entreprend 1 001 projets : il s’adonne entre autres à la boxe, mais sa carrière sera de courte durée, car il refuse les avances de son entraîneur, un personnage influent du noble art montréalais de l’époque. Il s’astreint également à une rude discipline : il écrit un poème par jour pour sa blonde. Il estime avoir investi plus de 10 000 heures dans la pratique de son art.

Jeune adulte, Yvon Jean est confronté à ses démons intérieurs. Il habite un temps une chambre en ville et adopte l’uniforme des skinheads : vêtu de noir, tête rasée, il n’accepte aucun compromis, quitte à se nourrir uniquement de pommes de terre. Plus tard, il entrera au Garde-Manger, un OSBL, comme on entre en religion. Comme l’écriture, Yvon Jean aborde tout ce qui l’intéresse avec une ferveur quasi religieuse. Il reste 22 ans au Garde-Manger et ne compte pas ses heures. Il aurait d’ailleurs travaillé plus de 15 000 heures supplémentaires sans être payé. Qu’à cela ne tienne, l’homme est entier : il ne fait rien à moitié.

En marge de son travail, il se cultive en autodidacte et dévore les livres. Beaucoup de poètes, mais aussi des penseurs. Il nourrit son esprit comme d’autres nourrissent leur corps. Il se livre aussi à d’étranges pratiques, allant même jusqu’à passer six mois sans adresser la parole à qui que ce soit. Entre-temps, il tente de trouver le courage nécessaire pour monter sur scène et déclamer son art, mais peine à y parvenir. Éventuellement, une collègue de travail lit un de ses textes lors d’un événement de poésie. Lorsqu’elle téléphone à l’auteur pour lui relater l’expérience, il éclate en sanglots.

L’alcool aidant, il vaincra ses craintes lors d’une soirée SoloVox avant de quitter la scène et la salle en coup de vent. Éric Roger le remarque aussitôt. C’est le début d’une amitié indéfectible.

En 2005, une rupture amoureuse le plonge de façon radicale dans l’alcool. « J’avais décidé de devenir alcoolique », dit-il, tellement la douleur lui était insupportable. Il ingurgite des quantités industrielles d’alcool et sombre dans des comas éthyliques. En une seule année, il sera hospitalisé à plus de 50 reprises en raison de son inclination à boire. Il écrit beaucoup, mais, peu à peu, il dérive et atteint le fond du baril. Il aura fallu attendre l’automne 2012 avant qu’il trouve la force de changer les choses et entreprenne le comeback de l’année. Depuis, il est sur une lancée phénoménale. Homme de la renaissance ou renaissance de l’homme? L’homme à tout faire — et homme de fer — de la poésie montréalaise prévoit s’adonner à ses « bonnes œuvres » pendant une quinzaine d’années avant de prendre sa retraite au fond d’un bar.

Souhaitons-lui alors que ce bar soit le refuge de nombreux poètes.

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Pour un point de vue différent sur l’oeuvre et la vie d’Yvon Jean, lisez l’entrevue qu’il a accordée à Simon Duplessis sur Bazoom.ca.

Pour une critique de son recueil Au Pic pis à Pelle, lisez la chronique de Simon Duplessis sur Bazoom.ca.

Pour en savoir davantage sur Yvon Jean, consultez sa page Facebook ainsi que les diverses pages qu’il consacre à ses émissions de webtélé hebdomadaires.

Robert Hamel : l’auto-entrevue

Les souvenirs ventriloques

J’ai fait quelques cours en relations publiques, j’ai une connaissance minimale des rouages des médias de communication et j’ai été interviewé à quelques reprises ces derniers temps. Je sais donc pertinemment qu’une entrevue est une valse entre l’intervieweur et l’interviewé, voire une lutte. J’ai donc décidé, pour souligner la parution de mon premier recueil, Les souvenirs ventriloques, de m’auto-interviewer à la manière de ces peintres et photographes qui réalisent des autoportraits. J’aurai donc eu le bonheur, ne serait-ce qu’une fois, de choisir les questions et de m’offrir tout le temps d’y répondre. Après tout, on n’est jamais si bien interviewé que par soi-même. De plus, je parle rarement de moi sur mon propre blogue. Voici donc une grande première.

Si cela ne vous ennuie pas, je me tutoierai.

Lune funambule : Robert, d’où te vient le goût de l’écriture?
Robert Hamel : Enfant, j’avais toujours un crayon à la main et je dessinais sans arrêt sur des tablettes fine velum que ma mère achetait à l’épicerie. Je revois d’ailleurs très nettement les tablettes en question. En première année, j’ai appris à lire et à écrire très rapidement. Je me souviens que je lisais alors la section des sports du journal en déjeunant. L’écriture a été et demeure une sorte de révolution et de libération dans ma vie. Sans elle, je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui. (Si je peux me permettre une digression, j’aimerais dire que l’alphabétisation est une porte privilégiée sur le monde. Tout le monde devrait y avoir droit.)

J’ai commencé à écrire de petites histoires de science-fiction que j’agrémentais d’illustrations. Et puis j’ai commencé à pratiquer des sports et j’ai mis l’écriture en veilleuse. Mais je lisais beaucoup. Je me rappelle que mon père m’achetait Le journal Tintin chaque semaine. Je l’ai lu pendant des années. Je dévorais les livres, toutes sortes de livres.

LF : Et quand as-tu recommencé à écrire?
RH : Lors de mes années de cégep. J’étudiais en arts et lettres parce que je n’avais aucun talent en maths et je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie. J’ai suivi un atelier de poésie et ça m’a donné le goût d’écrire. J’ai aussi gossé sur une bass et fait partie d’un groupe de musique qui s’appelait Orgasme-congélateur, nommé ainsi selon le poème d’un ami de jeunesse, Daniel Lauzon (je le salue si jamais il lit ceci). Une partie de son texte allait comme suit : Même si j’ai trouvé l’amour / je le cherche encore / tout comme aux Floralies  / on cherche les fleurs / paix, amour,  orgasme, congélateur. J’étais un adolescent très timide et réservé, mais parfois fantasque. Je ne ne me suis pas vraiment révolté à l’adolescence. En fait, je l’ai fait, oui, mais en douce, j’ai « implosé » par l’écriture. Elle était un exutoire, une façon de me faire valoir et d’attirer l’attention. J’ai fait un atelier de poésie au cégep. C’est là que j’ai découvert des auteurs modernes, comme Patrick Straram et Nicole Brossard, parce qu’auparavant, je ne connaissais que quelques grands classiques, du genre Nelligan et Hugo. Ensuite, je suis devenu « quelqu’un de sérieux » et j’ai mis l’écriture de côté pendant de très nombreuses années.

IMG_0977LF : Jusqu’à ce que…
RH : À toute fin utile, jusqu’à ce que j’arrive à l’aube de la cinquantaine. J’ai eu la quarantaine difficile. À un certain point, je détestais cordialement le directeur du service pour lequel je travaillais. Je me réveillais la nuit pour le détester (et c’est à peine une image). Il m’a donc fallu un exutoire. J’avais fait pas mal de course à pied lorsque j’avais environ 18 ans et je me rappelais la sensation de bien-être induite par les endorphines après l’exercice. J’ai donc recommencé à courir pour gérer mon stress et pour éprouver une quelconque satisfaction dans ma vie personnelle, pour contrebalancer mon mal-être au travail. Mais j’ai eu le malheur d’accrocher littéralement sur la course à pied. Je suis devenu accro aux endorphines et, comme je m’entraînais sans supervision et sans méthode, je me suis retrouvé très mal en point. Bref, par un affreux concours de circonstances, je suis devenu intolérant au gluten, aux produits laitiers et à certains autres aliments. Mais il a fallu quelques années pour que je comprenne tout cela, parce que la médecine ne m’était d’aucun secours. Pendant quelques années, j’ai détesté cordialement ma vie… et maudit les médecins. Je ne voulais qu’une chose – courir – et chaque fois que je le faisais, j’éprouvais d’importants malaises. Je voulais mourir. Mon corps était devenu inutile à mes yeux. Il me trahissait. J’ai songé au suicide jusqu’à ce que j’admette que je tenais à la vie. J’ai donc cessé d’embêter les gens autour de moi et trouvé une autre raison de vivre.

La maladie m’a toutefois été très utile. Elle m’a enseigné la compassion et le non-jugement. J’étais très intolérant. Je jugeais beaucoup. La maladie m’a permis de comprendre que nous pouvions tous être dépendant de quelque chose, que ce soit l’alcool, la drogue, l’amour ou… les endorphines.

LF : Cette nouvelle raison de vivre, c’était l’écriture?
RH : Exactement. J’y suis revenu par Facebook. Je me suis inscrit à FB et j’ai commencé à fréquenter les poètes. Je suis devenu ami FB avec Éric Roger et j’ai fait un premier micro libre à SoloVox en février 2012. Je me suis assez bien tiré d’affaires et j’ai été invité à lire lors de la soirée suivante. Le premier texte que j’ai écrit, La dernière seconde, est arrivé comme une tempête. C’était à l’occasion de la période des fêtes 2011. Je sentais ce texte monter en moi et je n’avais pas le temps de l’écrire parce qu’il y avait des rencontres familiales à gauche et à droite. J’en étais irritable parce que je n’avais pas le temps de le coucher sur papier et j’éprouvais un besoin pressant de le faire. Un beau matin, je me suis levé très tôt et j’ai écrit l’essentiel du texte d’un seul jet, en trois quarts d’heure environ. Et là, j’ai su que l’écriture était importante pour moi, que c’était quelque chose qui faisait partie de ma vie.

Ce texte était le produit des prises de conscience des cinq années précédentes. Entre 2007 et 2011, j’ai vécu dans l’antichambre de la mort et j’ai pu dresser l’inventaire de toutes les petites morts que nous vivons et qui nous attendent dans les détours de notre vie. Ensuite, quelques jours  plus tard, j’ai écrit un autre texte, l’ancêtre de L’escouade de l’immortalité, qui s’intitulait alors Souffle de vie. Et là, je me suis bien rendu compte que j’avais quelque chose à dire.

LF : Ce premier recueil s’est tout de même fait attendre longtemps?
RH :
Très longtemps. J’ai  pris conscience à l’aube de la cinquantaine que j’avais perdu un temps fou dans la vie. En fait, il me faut nuancer ce propos : j’ai mis le temps qu’il fallait pour parvenir à un stade où j’étais devenu meilleur sur le plan personnel et où j’avais quelque chose à dire. Voilà ce que la maladie a fait de moi. Ensuite, quand j’ai décidé d’écrire mon recueil, il s’est écoulé près d’un an avant que je commence vraiment parce que l’année 2012 fut particulièrement difficile pour moi. En quelques mois, j’ai vécu une séparation, la fermeture de mon entreprise, la vente de ma maison et une perte d’emploi. J’ai passé environ six mois à faire la navette entre Laval, où j’habitais la semaine parce que je travaillais à Montréal, et ma maison de Saint-André-d’Argenteuil, qui était devenue mon chalet. Je ne voulais pas faire le déplacement aller-retour chaque jour. Je n’avais pas l’énergie nécessaire. Il m’a fallu neuf mois − le temps d’une grossesse − pour refaire ma vie et trouver l’énergie, le temps et le goût de créer nécessaires à la préparation du manuscrit.

En janvier 2013, j’ai été invité à lire à La cour des poètes et j’ai rencontré Réjean Roy, le grand manitou des Éditions de l’étoile de mer. Il a entendu La dernière seconde. J’ai discuté avec lui et je lui ai alors dit que j’avais un projet de recueil. Quelques mois ont passé et j’ai travaillé régulièrement à mon projet. Parvenu à un certain stade, ça n’avançait pas à mon goût. Alors, j’ai monté mon manuscrit dans Word comme s’il s’agissait du recueil final afin de le visualiser et de lui donner vie. J’ai ensuite rencontré Réjean à une autre édition de La cour des poètes. Je lui ai dit que mon manuscrit était prêt et que j’allais lui envoyer s’il était toujours intéressé. Le reste est un véritable conte de fée : il s’est  écoulé exactement trois semaines entre le moment où je lui ai envoyé mon manuscrit et celui où je tenais mon recueil entre les mains. Je n’aurais pas pu mieux tomber. Réjean Roy est un ange. J’en suis convaincu.

LF : Outre la mort, quels sont tes thèmes de prédilection?
RH :
La mort n’est pas un de mes thèmes de prédilection. Je parle avant tout de la vie. Mais comme il est impossible de parler de l’une sans parler de l’autre et, comme je martèle inlassablement le mot « mort » dans La dernière seconde − parce que je veux inciter le lecteur à vivre pleinement et consciemment sa vie −, les gens retiennent qu’il s’agit d’un poème sur la mort. J’ose croire qu’ils se trompent. Je traite également de relations entre les êtres et de cheminement personnel, des choses qui sont vraies.

Depuis peu, je m’intéresse de plus en plus à la condition féminine. Pas seulement ici, mais aussi ailleurs dans le monde. Je prends conscience à quel point la majorité de l’humanité est bafouée et je crois qu’il est important de dénoncer ce fait et d’essayer, un tant soit peu, de changer les choses. En Afrique, par exemple, il y a ce qu’on appelle la dot. Au moment du mariage, la famille (ou le clan) de l’époux donne de l’argent et des biens pour « acquérir » la mariée. Au départ, c’était symbolique. Mais les conditions économiques étant ce qu’elles sont, la femme « africaine » est devenue une monnaie d’échange. Ce faisant, elle a été chosifiée. Une fois la dot payée, elle appartient au clan. Si son mari − bien souvent polygame, que ce soit officiellement ou officieusement − décède, elle appartient au clan. Elle peut se retrouver dans le rôle de coépouse de son beau-père ou de son beau-frère, qu’elle le veuille ou non. Son corps ne lui appartient pas. Et il y a aussi l’excision qui, à mes yeux, est un crime abominable. Curieusement, cela se produit dans des sociétés plutôt machistes où la cohésion sociale repose bien souvent sur le matriarcat. La dot et l’excision sont des instruments conçus pour dominer les femmes et les asservir. Je compte aborder ce sujet éventuellement.

LF : Ta poésie comporte souvent des messages. Est-ce vraiment de la poésie?
RH :
J’ose croire que oui. je crois que j’écris de la poésie engagée. Je crois que la poésie peut être ce que l’on veut qu’elle soit, du moment qu’elle procède de l’expression singulière du soi qui tend à l’universel. Les gens ont parfois cette idée préconçue de la poésie qu’il s’agit de courts textes qui tiennent plus souvent qu’autrement sur une seule page, qui font jolis et qui sont pleins de rimes, que les poèmes sont immuables sur le plan de la forme. Il s’agit de courts paragraphes de quatre lignes qui riment et qui ne dérangent pas beaucoup. Je ne fonctionne pas de cette façon. Au fil du temps, j’en suis venu à me préoccuper assez peu de la forme, sauf dans la mesure où je compte m’affranchir de la grammaire. Je n’aime pas les majuscules, la ponctuation et les points finals. Je ne dis pas qu’il ne faut pas les utiliser, mais, personnellement, j’y suis rébarbatif.

« Je n’aime pas le point final […]. Le lecteur est intelligent. Je le laisse décider là où il veut que le texte se termine. Peut-être que la « fin » de  mon texte se raccroche au début de l’une de ses histoires. Qui sait? »

J’écris peu de courts textes. J’essaie de ne pas trop me poser de questions et de prendre les choses comme elles viennent. Le lecteur a son mot à dire. J’ai récemment écrit un texte que je trouvais un peu facile à la lumière d’autres poèmes plus recherchés que j’ai écrit et pourtant ce texte a fait une forte impression sur bien des gens. Si ce n’était que de moi, je n’emploierais jamais de majuscules − même pas pour les noms propres −, mais j’ai dû faire quelques compromis lorsque j’ai été publié. Je n’aime pas le point final non plus. Le lecteur est intelligent. Je le laisse décider là où il veut que le texte se termine. Peut-être que la « fin » de  mon texte se raccroche au début de l’une de ses histoires. Qui sait?

LF : Avant la parution de ton recueil, on ne trouvait pas tes textes sur ta page Facebook ou sur Internet. Pourquoi?
RH :
Je vais sans doute me faire des ennemis, mais je suis contre le fait de publier à tout vent des textes sur Facebook et sur Internet. Je m’explique : on dirait que tout le monde en poésie accepte comme une fatalité le fait qu’on ne puisse pas faire d’argent avec la poésie. Peut-être suis-je idéaliste ou rêveur, mais j’ose croire qu’il est possible de faire de l’argent avec la poésie, même si ça peut être difficile. Et j’ose surtout croire qu’il n’est pas mal de faire de l’argent avec la poésie et qu’on peut être un véritable poète et faire de l’argent avec la poésie, même si cela semble mal vu dans un certain milieu qui semble snober les littéraires qui font de l’argent. Je crois que cette attitude relève de l’envie. Et s’il est possible de faire de l’argent avec la poésie, ce n’est pas en diffusant gratuitement les contenus qu’on arrivera à les vendre. On ne peut pas envoyer deux messages contradictoires à l’univers. On ne peut pas dire, d’un côté, je veux faire de l’argent avec ma poésie et, de l’autre, la diffuser gratuitement. De cette façon, on confond l’univers. Je crois que Facebook est un excellent outil de promotion, mais un piètre outil de diffusion et de production. De plus, il y a les questions de la propriété intellectuelle et du plagiat. Un ami poète m’a confié qu’il a été plagié sur Facebook, et je ne considère pas qu’il s’agisse là d’une forme d’hommage ou de flatterie.

Par contre, je prends conscience que de ne pas diffuser de contenus sur Internet a peut-être fait en sorte que je suis moins bien connu. C’est l’envers de la médaille. J’espère que les administrations publiques responsables se pencheront sérieusement sur les questions de propriété intellectuelle à l’ère du numérique. Jusqu’ici, j’ai l’impression que les créateurs sont bafoués, tout simplement parce que les législateurs s’alignent du côté des fabricants et des détaillants d’outils technologiques. La gratuité des contenus sert les intérêts des sociétés qui produisent des PC, des téléphones intelligents, des lecteurs MP3, des tablettes électroniques, etc. Moi, je veux vendre mes contenus. Pour cette raison, je ne les diffuse pas gratuitement. En fait, j’en suis venu à garder mes idées pour moi, parce que je me rends compte qu’on se les approprie. Et je n’aime pas ça. Je respecte les autres et je tiens à ce qu’on me respecte.

Je crois aussi que, si l’on a un projet de publication dans le collimateur, il vaut mieux ne pas diffuser ses textes, sauf de façon partielle, à des fins promotionnelles. Il y a tout de même une exception. Les soirées de poésie sont de bons incubateurs. C’est l’endroit idéal pour « casser » un texte.

LF : Travailles-tu à ton prochain recueil?
RH :
Non. Je ne sais pas s’il y aura un autre recueil et, le cas échéant, j’ignore quand il paraîtra. J’ai beaucoup de projets, beaucoup plus de projets que je n’ai de temps pour les réaliser. Je compte expérimenter d’autres plateformes, d’autres façons de diffuser la poésie. Si, un jour, je fais un autre recueil, il y a de fortes chances qu’il soit bien différent de Les souvenirs ventriloques. Je veux aller ailleurs. Refaire les mêmes choses ne m’intéresse pas beaucoup. Je me dis toujours que ce ne sont pas ceux qui font comme tout le monde qui changent le monde. Comme je le disais, j’ai énormément de projets. Mais pour l’instant, je garde tout ça pour moi. Mon cerveau bouillonne d’idées nouvelles, mais je suis incapable de planifier longtemps à l’avance. Pour l’instant, du moins. J’avouerai toutefois que j’ai envie de travailler mes prestations sur scène.

Cela dit, je dois avouer que la publication de mon premier recueil m’a donné le goût d’en écrire un autre. Je le sens bien. Parfois, quelqu’un dit quelque chose et j’entends quelque chose de légèrement différent. Ce pourrait être une piste. Le début d’un texte ou quelque chose du genre.

LF : Que penses-tu de la révolution poétique?
RH : Je constate qu’il y a une grande effervescence en poésie actuellement. Certaines personnes font beaucoup de choses, mais je ne vois pas de révolution. Il y a peu de véritables nouveautés. Les soirées de poésie, par exemple, ont presque toutes la même formule.

« Il n’y a rien qui m’écœure plus que de voir quelqu’un se présenter à une soirée de poésie, s’étonner qu’il y ait un prix d’entrée, dire qu’il n’a pas de cash et le voir se commander un pichet de bière juste après. Dans ce temps-là, je regrette de ne pas vendre des poèmes alcoolisés sous forme liquide. »

En fait, si la révolution poétique devait servir à quelque chose, je voudrais qu’elle permette d’offrir des cachets aux poètes. Je me dis qu’un poète, c’est trop souvent une guidoune qui se vend pour une bière ou un verre de vin. Ça n’a pas besoin d’être des cachets faramineux, mais ça pourrait au moins payer les dépenses de la soirée, le transport et un repas, par exemple. Il n’y a rien qui m’écœure plus que de voir quelqu’un se présenter à une soirée de poésie, s’étonner qu’il y ait un prix d’entrée, dire qu’il n’a pas de cash et le voir se commander un pichet de bière juste après. Dans ce temps-là, je regrette de ne pas vendre des poèmes alcoolisés sous forme liquide. Les gens disent qu’ils aiment la poésie. Or, on a beau aimé la poésie, ce n’est pas une raison pour baiser les poètes.

LF : On t’a vu porter une croix au cou récemment. Es-tu croyant?
RH :
Je ne crois pas l’être (rires). Sérieusement, si je porte cette croix, c’est que j’aime l’objet en soi pour son esthétisme et pas pour le symbole qu’il représente. Cela dit, je crois en quelque chose. Je n’aime pas beaucoup la pensée binaire, où tout s’oppose : le noir et le blanc, le mal et le bien, le yin et le yang, le masculin et le féminin, etc. J’estime être plus nuancé. En ce qui concerne la foi, je me suis longtemps défini comme athée, puis je me suis dit, à un certain moment donné, que les athées n’ont pas plus de preuves de la non-existence de Dieu que les croyants en ont de son existence.

Je m’explique : les chiens entendent des sons que les humains n’entendent pas. Ce sont les ultrasons. Or, personne ne doute de l’existence des ultrasons, parce que nous avons des instruments qui permettent de les mesurer. Certains chercheurs croient qu’il existe des univers parallèles à quelques millimètres de notre corps et qu’il sera un jour possible d’en faire la démonstration. Qui sait? Peut-être un jour aurons-nous un instrument qui infirmera ou confirmera l’existence de Dieu (ou des dieux)? Cela dit, je n’avance pas que Dieu existe, pas plus que j’avance qu’il n’existe pas.

Pour ma part, je ne crois pas au Dieu de la Bible. Je pense que, jusqu’à preuve du contraire, il s’agit d’une invention humaine, d’un instrument de cohésion sociale qui a été détourné à des fins de domination de l’élite sur la masse. Mais je crois à une volonté universelle, à une conscience cosmique, à quelque chose de plus grand que nous qui est responsable du grand tout. Il y a, je crois, un plan, un dessein universel et nous en faisons tous partie, même si cela nous échappe. Je suis très certainement agnostique, mais je ne crois pas être athée.

Je pense qu’il est important de réfléchir, de s’interroger, de faire des nuances. Je me méfie des gens qui sont sectaires, qui ont le monopole du bon goût, qui rejettent ou acceptent les choses en bloc, que ce soit dans les arts, la culture ou dans d’autres sphères de l’activité humaine. Je me méfie de tous les dogmes, que ce soit celui des croyants, qui sont convaincus de l’existence de Dieu; celui des non-croyants, qui sont convaincus de la non-existence de Dieu; et celui des économistes, qui sont convaincus que l’économie doit croître sans cesse. Je me méfie même du dogme des scientifiques, qui sont convaincus que tout ce que la science ne peut observer n’existe pas.

LF : Comment t’y prends-tu pour écrire?
RH :
Je n’ai pas de méthode préétablie. J’écris habituellement tôt le matin et le texte s’impose à moi. J’ai souvent un début, mais pas de plan de match et je laisse le texte me conduire là où il veut. Le texte est une partie de moi au même titre que je suis une partie du texte. Je découvre le texte à mesure que je l’écris. La plupart de mes textes sont d’abord nés d’un exercice d’écriture automatique à peine conscient. Une fois le premier jet (écrit le plus souvent à la main) terminé, je saisis le texte à l’ordinateur. J’ai alors quelque chose comme les deux tiers ou les trois quarts du texte final, du moins sur le plan formel. Je réécris beaucoup, mais pas de façon obsessionnelle. Un texte est toujours perfectible. Mais j’essaie de ne pas me laisser prendre au piège de la perfection. Perfection et beauté ne sont pas synonymes. Il y a longtemps, j’entendais cette musicienne classique se plaindre qu’elle n’avait pas exécuté sa partition à la perfection, comme si l’imperfection était dépourvue de toute beauté. Or, dans la salle, peut-être y avait-il une personne sur dix qui pouvait dénoter cette imperfection? Je crois qu’on peut gâcher un texte à trop le réécrire. L’excès de beauté peut conduire à la laideur. J’en veux pour preuve la chirurgie esthétique et ces personnes qui deviennent des monstres tellement leur recherche de la beauté est « inhumaine ».

De plus, je ne veux plus tomber dans le piège d’écrire pour les autres, d’écrire pour que les gens m’aiment. J’ai longtemps agi de la sorte, mais c’est beaucoup moins important maintenant. Je ne crois pas qu’écrire pour être aimé soit une motivation valable pour écrire. J’écris maintenant parce que je j’ai quelque chose à dire. Je n’écris pas aussi souvent que j’aimerais parce que je manque de temps et que j’aime faire plusieurs choses. Je conçois l’écriture à la fois comme un rituel et comme une respiration. J’ai besoin d’un rituel pour écrire. J’ai besoin d’écrire seul, tôt le matin, toujours dans mon bureau. J’ai déjà tenté d’écrire sans mon rituel et j’ai plus ou moins réussi.

Et je perçois aussi l’écriture comme un processus naturel à deux temps. Il y a l’expiration qui correspond à l’expression, et l’inspiration qui correspond à… l’inspiration. Il y a un temps pour écrire et un temps pour nourrir l’écriture. Bien sûr, on peut s’exercer à écrire, mais je n’aime pas brusquer les choses. Cela ne me convient pas. À mes yeux, chaque texte a sa propre histoire, sa propre genèse, sa propre façon de venir au monde.

Mais ce que je dis vaut uniquement pour moi. Je suis conscient que d’autres personnes peuvent fonctionner de façon complètement différente et c’est très bien ainsi.

LF : Qu’est-ce que t’as apporté l’écriture?
RH :
Outre une certaine assurance que je n’avais pas il n’y a pas si longtemps, je constate que la poésie m’a apporté un certain calme, une certaine paix, une certaine douceur. Et j’ignorais qu’elles étaient en moi.

J’ai longtemps eu une certaine rage, une certaine violence sourde en moi qui était là, à l’état latent, qui se retournait contre moi parce que je n’arrivais pas à la canaliser de façon constructive. Elle me rongeait de l’intérieur. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être beaucoup plus serein, d’être plus en paix avec moi-même. En fait, je pense que j’ai encore beaucoup de choses à faire et à exprimer, mais j’ai l’impression que je pourrais m’éteindre maintenant. J’ai posé ma petite pierre. Et je ne parle pas seulement de l’écriture. Je veux dire dans ma vie, en général. Et puis, je m’entends mieux avec l’idée de la mort, avec celle de ma disparition, de la fin de cette incarnation, du passage vers l’ailleurs. L’amour y est peut-être aussi pour quelque chose. Je ne vis plus et je ne ressens plus l’amour comme avant. C’est comme une grand paix, paisible et forte. Je suis beaucoup moins tiraillé en moi qu’auparavant. Je parviens plus facilement au lâcher-prise.

« Je déplore l’égocentrisme ambiant, dans la société en général comme dans les arts. Je crois cependant que la poésie et la révolution poétique ont besoin de synergie et de cohésion pour nous permettre d’aller ailleurs, d’aller plus loin et, si possible, d’y aller tous ensemble. »

LF : Quels sont tes projets?
RH :
J’ai beaucoup de projets, mais je ne dévoilerai rien de précis pour l’instant. Je peux cependant dire que j’ai l’intention de travailler ma façon de livrer mes textes sur scène. J’aimerais livrer à tout le moins quelques textes de mémoire et le faire avec plus d’expression. Et puis je l’ai déjà dit, mais je compte explorer d’autres plateformes, d’autres avenues, seul ou avec d’autres. J’aimerais faire partie d’un mouvement, d’un collectif, mais je constate qu’il est difficile de collaborer avec d’autres. D’une part, parce que les gens ont peu de temps et, d’autre part, parce qu’ils n’ont pas la volonté de travailler avec d’autres artistes. Souvent, c’est compliqué de fonctionner de la sorte. Je déplore l’égocentrisme ambiant, dans la société en général comme dans les arts. Je crois cependant que la poésie et la révolution poétique ont besoin de synergie et de cohésion pour nous permettre d’aller ailleurs, d’aller plus loin et, si possible, d’y aller tous ensemble.

LF :  Tu viens de parler d’égocentrisme. En terminant, ne crains-tu pas que l’auto-entrevue soit égocentrique?
RH :
Pas plus qu’un autoportrait, du reste. Et puis, c’est toi qui m’a posé les questions. Je n’ai fait qu’y répondre, après tout (rires).

Le premier recueil de poésie de Robert Hamel, Les souvenirs ventriloques, a été publié aux Éditions de l’étoile de mer en juin 2013. Vous pouvez le commander dans toutes les librairies du Québec en mentionnant le titre, le nom de l’auteur et la maison d’édition. Vous pouvez également vous le procurer auprès de l‘éditeur, de l’auteur ou de Bouquin plus (en livrel ou en impression sur demande).

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