Jean Royer passe à table aux Contes à rendre

Le poète réputé Jean Royer, prix Athanase-David 2014 pour l’ensemble de son oeuvre, est passé à table dans le cadre de l’émission Les contes à rendre du 8 octobre 2015 sur les ondes de Radio Centre-ville. À cette occasion, il s’est livré avec beaucoup de générosité.

Émission Les contes à rendre du 8 octobre 2015

Je suis heureux, privilégié et honoré d’avoir reçu un homme et un artiste d’une telle qualité pour ma dernière entrevue aux Contes à rendre. J’en profite donc pour remercier cet acteur important de la scène culturelle québécoise des 50 dernières années d’avoir accepté l’invitation, et je lui souhaite de nombreux autres beaux moments de création.

J’aimerais également remercier tous mes invités qui, au fil du temps, m’ont fait cadeau d’un peu d’eux-mêmes et qui m’ont permis d’apprécier pleinement le rôle d’intervieweur. Je remercie Marc Lavoie de m’avoir tendu mon premier micro et de m’avoir fait découvrir le bonheur de la radio. Je remercie Nathalie Turgeon d’avoir balisé le terrain et de m’avoir encadré dans la préparation nécessaire à cette entrevue. Je remercie également mes collègues de la radio, Yvon Jean, Yvon d’Anjou et Akim Kermiche, qui m’ont épaulé au fil du temps. Je remercie Madame Minou d’avoir égayé nos soirées et de m’avoir fait sourire. Enfin, je remercie toutes celles et tous ceux qui m’ont encouragé, d’une façon ou d’une autre, dans mes activités radiophoniques au fil du temps.

Longue vie à Jean Royer! Longue vie aux Contes à rendre! Et vive la poésie!

Bonheur ultime tabou (José Acquelin)

Profession de voix

Le réalisme est une prévoyance du corps, la lucidité est une vue de l’esprit. Le poème, quant à lui, sert de passerelle entre les perceptions possibles. Le poème crée des liens et donne au corps de l’âme un œil autant hypersensoriel qu’ultrasensible. Le poème ne se défend de rien, même pas de l’imprévisible. Le poème devient même parfois — au-delà du langage usuel, usé et abusif — une sorte de caméra qui capte des images de l’invisible. Le poète, pour sa part, n’en est que le monteur aléatoire ou le collagiste virtuel.

Il n’en demeure pas moins que le poète ne peut jamais oublier ceci : la liberté la plus socialement acceptée, la plus courante — dans tous les sens du terme — donc la plus vécue, consiste à endosser les décisions des autres en les faisant passer pour siennes. Mais le seul vrai nom de cette pseudo-liberté est la servilité.

Finalement comme initialement, en tant que poète, je suis absolument persuadé qu’il existe une liberté plus rare, une liberté insistante et résistante, qui est celle unique de notre propre solitude. Et un de ses multiples noms répond au vocable suivant : le poème.

José Acquelin, extrait du discours de réception du Prix du Gouverneur général 2014, en poésie, pour le recueil Anarchie de la lumière, publié aux Éditions du passage.

© José Acquelin et les Productions Virage inc., 2007.

 

Les téléphériques (extrait) (André Loiselet alias André Loiseau)

Les téléphériques

Les engrenages s’emboîtent les uns dans les autres
C’est la société mécanique dans une âme de métal.
Mais il est comme chez lui, en prison,
habité par cette présence qui l’étouffe
de toute sa routine, par cette éternelle horloge.
On est bien chez soi.
On s’approche une chaise.
On s’installe à une fenêtre,
le regard et le reste tendu.
C’est entendu?
Christ a dit,
dans un moment de colère :

« Les sourds entendent! »

Suivant à la lettre
la ligne d’horizon, du bout du doigt,
il aperçoit ceci :
huit téléphériques se promènent
fantômes carrés
laissant entendre un cliquetis de chaînes.
On peut sentir, dans l’air de rien,
une forte odeur d’huile et de cambouis.
Par les ouvertures,
de fines jambes,
bellement savoureuses,
précieuses jambes animales,
gambadent dans le vide,
cul par-dessus tête.
Des mains énervées les frottent,
les claquent,
les pincent
jusqu’à ce qu’elles en prennent,
les cuisses dodues,
pour leur argent,
une couleur de crabe, surpris,
ventre à terre,
à forniquer comme un lapin.

Une petite fille de treize ans,
depuis hier,
saute à la corde,
puis,
saute par une fenêtre,
piaillant,
comme l’oisillon tombé du nid :

« Au viol ! Ma pureté s’envole, pis moi itou. » […]

— André Loiseau, Le mal des anges, Éditions Parti Pris, 1968 (publié à l’époque sous le nom de plume André Loiselet), © tous droits réservés pour tous pays.

Entrevue avec Christian L. Ducharme-Gauthier

ChristianDucharmeGauthier

Entrevue avec Christian L. Ducharme-Gauthier dans le cadre de l’émission Les contes à rendre sur les ondes de Radio Centre-ville, 102,3 FM à Montréal et http://www.radiocentreville.com partout dans le monde.

http://www.dailymotion.com/video/x2h7ozy